Laurent Mattio est le fils de Joseph Mattio, cocher, originaire de la région de Cunéo (Italie) et de son épouse Louise Ramis, originaire de Solliès-Pont, (Var). Marius, Auguste, Laurent Mattio est né le 29 septembre 1892 au 34 rue Nicolas Laugier à Toulon dans une maison aujourd'hui disparue à la suite des bombardements de 1944.
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C'est à l'âge de dix ans que Laurent Mattio fit sa première rencontre avec l'art pictural. Ce fut l'étincelle... Un artiste avait planté son chevalet près de la rivière des Amoureux (Toulon). L'enfant laissant ses jeux et ses camarades resta là contemplant son travail, questionnant... La curiosité et l'émotion se firent plus grandes encore en découvrant le tableau du peintre de la rivière exposé dans la vitrine d'un marchand de couleurs du cours Lafayette. Il n'eut de cesse que d'obtenir de ses parents, encouragés par son instituteur, d'entrer à l'Ecole Municipale Grandjean, qui était gratuite.
C'est en 1905, à l'âge de treize ans, qu'il en franchit le seuil. Située rue Hyppolyte Duprat, c'était alors "l'Ecole de dessin et d'arts décoratifs" dirigée par le peintre Adolphe Bonny. Ses professeurs furent : Paul Jolly, Gabriel Amoretti, Edmond Barbaroux et Adolphe Bonny. Il emporte chaque année les meilleures places et les prix de l'école. Il y demeure six années couronnées par la plus haute récompense de l'Ecole de Dessin : le prix du ministre des Beaux Arts. Se pose alors pour Laurent le problème de la poursuite de ses études. Encouragé par ses professeurs et quelques amis, il veut atteindre Paris et l'Ecole Nationale des Beaux Arts. Mais pour obtenir une indispensable bourse, il lui faut d'abord être admis à l'Ecole.
Le voila en route pour Paris pour soumettre son travail à l'attention du peintre Cormon, membre de l'Institut et professeur à l'Ecole de Beaux Arts. Il l'admet dans son cours en janvier 1912. Cette acceptation acquise, de retour à Toulon, Laurent doit attendre l'obtention de la bourse. Pour payer ses fournitures de toiles et de couleurs pendant les années d'école toulonnaise, il va à la cueillette de la farigoulette et des herbes aromatiques sur les pentes du Faron et les vend sur le cours Lafayette. Pendant ce temps d'attente indéfini, il travaillera tour à tour dans une imprimerie, chez l'architecte Monestel, puis à l'arsenal dans un bureau de dessin. Enfin à la faveur d'un changement de municipalité, il obtiendra une bourse de 1200 francs, bien insuffisante hélas, et la première année passée à la capitale fut particulièrement dure.
Suivirent à Paris, de 1913 à 1921, huit années de travail assidu pour ce garçon "très bon élève, bien doué", vivant dans des conditions matérielles très difficiles. Le froid et les privations eurent raison de sa santé, et au moment de la déclaration de guerre, après une grave broncho-pneumonie et ne pesant plus que quarante kilos, il fut réformé. Nanti d'un congé de l'Ecole donné par le peintre Cormon, (son "Caïn" est au musée d'Orsay), il vint en convalescence à Solliès-Ville où se trouvait Léon Vérane et où les rejoignirent souvent Henri Olive (Olive Tamari), le journaliste Raoul Noilletas et les amis demeurés malgré l'éloignement parisien.
Après ce séjour "à la montagne", Laurent reprit avec courage ses études à Paris. Il retrouva ses professeurs : Cormon, François Flamenq (auteur de la décoration de l'Hôtel de Ville de Paris), Jean-Paul Laurens... et le soir après les Beaux Arts, la fréquentation de la Grande Chaumière ou de l'Académie Jullian.
A la Foire aux Croûtes ses petites toiles avaient du succès. En 1919 aura lieu sa première admission au Salon des Artistes Français avec "le Cap Brun vu de sainte Marguerite". 1921 fut la dernière année d'études.
Muni d'excellents certificats, revenu à Toulon après avoir refusé un poste de professeur à Montréal (Canada), Laurent Mattio brigua un poste à l'Ecole de Beaux Arts de la ville. Il n'y en avait pas de vacant. Dans l'attente il fallait assurer la quotidien...Il devint alors représentant en divers articles de bazar. Après avoir visité ses clients dans les petits commerces de villages, Laurent se ménageait du temps pour peindre les paysages aimés.
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L'année 1922 fut une année marquante. En février, à la suite de décès du peintre Darbon, Laurent Mattio fut nommé au poste devenu vaquant. En mars la municipalité fit l'acquisition d'une de ses oeuvres ainsi que d'une oeuvre du peintre Darbon. Après concours, sur cinquante envois, ce fut "le Camin de la Bastido" déstiné au Musée de la Ville (oeuvre disparue) qui fut choisi. Puis ce sera la décoration d'un panneau du foyer de l'Opéra Municipal, "La Danse". Cette même année un mécène et ami, monsieur Gastaud dont il avait fait le portrait, ayant foi en l'avenir de l'artiste, lui offre un séjour d'étude à Florence dont il profitera avec bonheur. Il sera également lauréat du concours d'affiche du Syndicat d'Initiative laquelle portera le sigle P.L.M. pour la renommée touristique de Toulon. |
En 1925, ce sera l'ornementation des impostes des trois portes d'entrée de la Chambre de Commerce de Toulon qui illustreront les villes et les activités principales du département: Toulon, la pêche - Brignoles, le vin - Draguignan, l'huile. Les peintres Lucas et Mouttet furent chargés de la décoration d'autres impostes. Ces décorations ont disparu lors de l'édification de la mezzanine.
Cette année là, à la rentrée d'octobre, Laurent Mattio fera la connaissance d'Odette Mainaud récemment arrivée à Toulon, elle-même issue de l'Ecole de Beaux Arts de Lyon et médaille d'argent de cette ville. Elle signera ses oeuvres du pseudo de Paul Provence. Ils se marièrent le 5 juin 1926 et s'installeront 15 rue de la République, sur le port, au dessus du légendaire "Bazar des Mécaniciens". C'est là que l'année suivante naîtra leur fils, Jean-Gérard, qui à son tour sera peintre et professeur à l'Ecole de Beaux Arts de Toulon. Il signera du pseudo de Jean Sanary jusqu'en 1950.
C'est en 1927 qu'aura lieu la première exposition importante de Laurent Mattio au très fermé Cercle Artistique de Nice qui remporta un franc succès.
Mais en 1931, décidé à ne vivre que de sa peinture, Laurent donne sa démission de l'école des Beaux Arts et s'installe à Sanary, sur le port, au dessus de la boulangerie.
Les expositions se succèdent à Paris, Toulon, Hyères, Nice, Lyon, Marseille, Nevers, St Etienne, Nantes, Grenoble, Sanary, Bandol, Strasbourg, Angers, Roanne... ainsi que les séjours d'été à Porquerolles où il présente ses oeuvres aux cimaises des hôtels et restaurants fréquentés par des célébrités, alors que l'île n'était pas encore la proie du grand tourisme.
En 1944 ces années fécondes sont interrompues par un ordre d'évacuation. Le port de Sanary est miné. Laurent et sa famille se replieront à Vougy (Loire). Le retour aura lieu le 1er novembre 1946 et l'aménagement dans une maison familiale sinistrée de l'avenue du Las à Toulon où Laurent recrée son atelier.
Le 1er octobre 1959, cédant à l'amicale insistance de l'amiral Avice, Laurent Mattio est nommé membre résident de L'Académie du Var. En guise de discours, il fait don à l'Académie d'une toile "la Tour Royale".
Il décède subitement le 29 janvier 1965. Il est inhumé au cimetière de Solliès-Ville, non loin des tombes de Vérane et Filippi (son épouse et son fils ont fait don d'un toile à la municipalité de Solliès-Ville représentant le village).
La municipalité toulonnaise à voulu honorer l'artiste provençal et toulonnais en donnant son nom à la partie sud de l'avenue du Las. L'inauguration à eu lieu le 25 avril 1968. A cette occasion, don fut fait au Musée de la Ville d'une toile: "Goélette au Port Marchand".
Deux rétrospectives lui furent consacrées au Musée de Toulon: les peintures en 1966, les dessins en 1970, de même qu'à Aubagne en 1994.
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